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Oyster-tecture

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Oyster-tecture
Type de projet
Création d'une architecture pour et par les huîtres

Partenaires
Bart Chezar, Hydroqual Engineering, MTWTF, New York Harbor School, NY/ NJ Baykeeper, Paul Mankiewicz, Phil Simmons

Concepteur
Scape Studio

Lieu
New-York, Etats-Unis
Milieux
Dans l’eau / Mer / Milieu marin

Catégorie
Paysage & Ecologie

Type de projet
Approche par le paysage / Penser avec le vivant

Modalité d'adaptation
Composer dans un monde multispécifique / Régénérer et préserver les pouvoirs du vivant

Page du projet

Contexte

Oyster-tecture fut le premier projet de paysage présenté au MoMA (Museum of Modern Art) à New York. En effet, le MoMa a été l’un des premiers musées d’art contemporain à s’impliquer sur la thématique du changement climatique avec l’exposition Rising Currents : Projects for New York’s Waterfront, créée en 2009. Le musée a ainsi lancé un appel à projet auprès d’une dizaine de concepteurs, architectes et paysagistes, afin que chacun puisse proposer un projet unique autour de cette thématique de réflexion. A travers cette initiative, le musée proposait d’aborder avec le grand public des discussions sur l’adaptation de la baie de New York au changement climatique et à la montée des eaux.

« Oyster-tecture » est l’un des projets lauréats de cet appel à projet lancé par le MoMa. Le projet a été créé par l’agence SCAPE, fondé par Kate Orff – paysagiste conceptrice et directrice de l’école de design urbain de Columbia University.

New York City était autrefois le plus gros producteur d’huîtres au monde. La ville s’est construite sur des centaines des buttes coquillières laissées par les Lenapés, les Amérindiens indigènes du territoire. Au milieu des années 1800, la population d’huîtres naturelles de la région était presque entièrement épuisée. Mais ce n’était pas la fin de la « Big Oyster ». Les New-Yorkais ont commencé à élever des huîtres dans les bas-fonds du port, mais cette activité ostréicole fut stoppée net en 1927 à cause d’épidémies. En parallèle, notons que pendant des années, la ville avait déversé des polluants industriels et des eaux usées directement dans ce même port. La qualité de l’eau continuait à se dégrader jusqu’à 1972 où le Congrès adopta le Clean Water Act, qui réglementait les déchets déversés dans les cours d’eau. Petit à petit, la qualité de l’eau dans le port s’est améliorée et de nombreux groupes tentent maintenant de ramener l’huître à New York.

Pourquoi se focaliser sur l’huître ? L’huître est une espèce « clé de voute », c’est à dire, une espèce qui a un effet disproportionné sur son environnement au regard de ses effectifs. D’abord, par sa capacité de filtrer et dépolluer l’eau (chaque huître est capable de filtrer plus de 200 litres d’eau par jour ). Les huîtres sont aussi parfois appelées « bioingénieurs » parce qu’elles créent leurs propres écosystèmes celui-ci devenant un récif habitat pour d’autres espèces et régénère ainsi la vie marine.

Concepts clefs du projet

Il existe de nombreux obstacles à la restauration des récifs d’huîtres, notamment le manque de larves d’huîtres. Mais, l’un des plus grands défis est en réalité un problème structurel : le paysage physique du port de New-York a totalement changé à la suite des dragages. Le fond marin du port est devenu beaucoup plus profond avec un fond plat et boueux, les empêchant de se constituer un habitat dans lequel elles peuvent se développer.

Ce défi a donné à Kate Orff l’idée de créer un habitat pour que les huîtres puissent s’y développer de nouveau, une « Oyster-tecture », une architecture pour et par les huîtres. Le projet Oyster-tecture propose ainsi de créer un récif vivant composé d’un maillage organique, tissé à partir de cordes, “fuzzy cord”, qui recréent par leur propre structure immergées un habitat pour les huîtres et pour d’autres êtres vivants marins.

Cette architecture souple et vivante génère une mosaïque de paysages en trois dimensions qui permet de nettoyer des millions de litres d’eau dans le port en exploitant les processus de filtration biotique des moules, des huîtres et des zostères.

Ces cordes/filets sont d’abord ensemencés avec des larves d’huîtres afin que celles-ci puissent se développer sur ce nouvel habitat. L’eau filtrée par les huîtres devient plus propre. Oyster-tecture vise à améliorer l’habitat et la qualité de l’eau, à restaurer la biodiversité des marais et à encourager de nouvelles relations entre les citadins et la baie de New-York.

Pourquoi on en parle ?

Ce projet est pour nous, novateur, car il a été lancé dès 2009, et qu’il relie les domaines de l’architecture, du paysage, de l’écologie, de l’expérimentation et l’art ; il montre alors la voie vers de nouveaux projets de conception hybride.

C’est également un projet qui propose une action transformatrice à l’échelle de la baie de New-York en utilisant simplement le développement d’un petit élément vivant, l’huître. Il peut être remarquable de simplicité et de frugalité, puisqu’il cherche à redévelopper une espèce endémique en utilisant des moyens et des matériaux humbles (pieux en bois et cordes avec des nœuds de fixation)

De plus, nous pouvons également saluer l’implication de la Ville de New-York, qui mène actuellement le premier projet au monde de restauration de récifs d’huîtres à grande échelle, renouant ainsi avec ses racines historiques.

C’est un exemple important pour montrer comment les huîtres et leurs habitats peuvent être intégrés dans un contexte urbain, grâce à une approche hybride mêlant paysage, écologie, urbanisme, architecture, et les communautés et usages des habitants de la baie de New-York.

Mise en perspective

Les recherches de conception de SCAPE pour Oyster-tecture se sont étendues pour poser les bases de nombreux projets en cours, y compris la proposition d’infrastructure écologique à grande échelle Living Breakwaters et un parc linéaire au bord de l’eau à Red Hoek Point.

Zoom sur Rising Currents

En 2009, Le MoMA et le PS1 Contemporary Art Center ont uni leurs forces pour relever l’un des défis les plus urgents auxquels est confrontée la plus grande ville du pays : l’élévation du niveau de la mer due au changement climatique. Bien que le débat national sur les infrastructures lourdes se concentrait sur des projets clefs en main qui stimuleraient l’économie dans le contexte de crise de 2009, Le MoMA et le PS1 Contemporary Art Center ont préféré encourager de nouvelles recherches et de nouvelles réflexions sur le développement du port et du front littoral de New York. Comme lors des récessions économiques précédentes, la construction fut considérablement ralentie à New York, et une grande partie de talents architecturaux de la ville était alors disponibles pour se concentrer sur l’innovation.

Un programme d’architectes en résidence à PS1 (16 novembre 2009 – 8 janvier 2010) a rassemblé cinq équipes interdisciplinaires, dont l’Architecture Research Office (ARO), pour repenser les côtes de New York et du New Jersey autour du port de New York et imaginer de nouvelles façons d’occuper le port lui-même avec des infrastructures « douces, souples », adaptatives qui répondent aux besoins d’une écologie saine dans un environnement en évolution constante. Ces solutions créatives visaient à changer radicalement notre relation avec l’un des grands espaces ouverts de la ville.

Cette exposition présentait les propositions développées au cours du programme d’architectes en résidence, y compris un large éventail de maquettes, dessins et matériaux analytiques.

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