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Plan de paysage sous-marin

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Plan de paysage sous-marin
Type de projet
Plan de paysage sous-marin

Partenaires
Parc National des Calanques

Concepteur
Coloco / Andromède Océanologie, Piano Paysage, Gilles Clément

Lieu
Façade littorale entre Marseille et Cassis, France
Milieux
Sur la côte / Rivage / Littoral / Estran / Milieu côtier

Catégorie
Paysage & Ecologie

Type de projet
Approche par le paysage / Penser avec le vivant

Modalité d'adaptation
Composer avec l’incertitude / Prendre en compte l’impermanence et l’indéterminé, Composer dans un monde multispécifique / Régénérer et préserver les pouvoirs du vivant

Page du projet

Contexte

Les plans de paysages terrestres, lancés au début des années 90, ont pour objectif de faire un état des lieux des paysages et de leurs dynamiques, afin de définir avec les acteurs et habitants, les orientations pour mieux prendre en compte les dimensions paysagères (leurs qualités, diversités, évolutions…) dans les processus décisionnels de fabrication des territoires.

Pour la première fois en 2018, le Parc national des Calanques a décidé de compléter son plan de paysage terrestre par un plan de paysage sous-marin. C’est la première initiative de ce type en France car les études sur la perception et la lecture du paysage sous-marin sont encore naissantes, en raison du manque d’accessibilité, de visibilité mais aussi de l’approche jusqu’ ici très spécifique, menée à travers des disciplines scientifiques ou techniques.

Lauréat de l’appel à projet lancé en 2017 par le ministère de la Transition écologique et solidaire, le Parc national des Calanques avec ses 43 500 hectares de cœur marin, a souhaité valoriser la beauté et la diversité de ces paysages marins, mais aussi ces dynamiques et les pressions qui les menacent.

Ce plan de paysage sous-marin a été confié au groupement d’étude Coloco, qui réunit paysagistes, urbanistes, botanistes, jardiniers et artistes, accompagné de l’entreprise de biologie et d’environnement marin d’Andromède Océanologie, du collectif de paysagistes Piano Paysages et de Gilles Clément paysagiste.

Concepts clefs du projet

L’espace marin du Parc est composé de motifs paysagers sous-marins très variés et d’une grande richesse : tombants marins, grottes, coralligène, canyons sous-marins… Ces paysages et écosystèmes fragiles subissent une pression accrue due aux activités économiques et de loisirs liées à la mer (transports maritimes et logistique portuaire, filière nautique et réparation navale, pose de câbles sous-marins, pêche professionnelle et de loisirs, aquaculture, baignade, plaisance, plongée sous-marine…) auxquelles s’ajoutent les impacts des activités terrestres (rejets industriels, rejets de stations d’épuration…).

L’enjeu du plan de paysage sous-marin a pour objectif de définir la notion de paysage sous-marin, et plus spécifiquement celui du Parc national des Calanques, afin de constituer une vision d’ensemble de ces paysages sous-marins, de leurs dynamiques et des tensions auxquelles ils sont soumis, dans le but de mieux les prendre en compte et de les préserver.

Ce plan de paysage subaquatique étant inédit, il a fallu trouver une méthode de travail collaborative pour permettre aux divers acteurs d’échanger sur l’évolution des paysages et écosystèmes sous-marins. Pour cela, des ateliers en pleine mer ont été organisés avec les élus, plongeurs, paysagistes, scientifiques qui se sont retrouvés sur ou sous la surface de l’eau pour partager leurs analyses, connaissances de terrain, impressions et sensibilités.

A partir de ce diagnostic sous-marin, des croquis, cartes, schémas, relevés faunistiques et floristiques ont été réalisés pour identifier, caractériser et valoriser les grandes unités paysagères de l’espace marin du Parc et leurs dynamiques et évolutions. Cet état des lieux a permis la définition des enjeux de ces paysages subaquatiques et une meilleure prise en compte de ceux-ci dans les processus de décision liés au littoral et à la protection des espaces marins. « Il s’agit plutôt de trouver ensemble, collectivement, des lieux où ne pas intervenir afin d’orchestrer un grand paysage heureux, à l’inverse d’une addition de décisions subies qui produit par défaut une réalité » Coloco. 

« Le plan de paysage sous-marin identifie les processus anthropiques et naturels à l’œuvre et propose des objectifs adaptés pour la protection de la valeur de ces paysages :

Révéler les paysages à travers la surface de l’eau pour une meilleure appropriation et une meilleure compréhension des enjeux de préservation 

Mieux appréhender l’empreinte de l’homme sur l’environnement marin pour mieux la contrôler

Proposer une vision globale du fonctionnement des espaces marins du cœur du Parc national des Calanques et ses relations au territoire métropolitain élargi » Coloco.

Pourquoi on en parle ?

Cette initiative de plan de paysage sous-marin est novatrice car c’est la première fois que la thématique du paysage marin est prise en compte dans les plans de paysage et les plans de de fabrication du territoire. En reconnaissant à travers ce processus de projet le statut de paysage marin comme un paysage à part entière, cette approche, qui semble pourtant évidente, permet de penser le paysage dans sa continuité de la terre jusque sous la mer. Notre perception de ce qui fait paysage s’est depuis longtemps trop souvent réduite à ce que nous voyons et expérimentons sur la surface terrestre. Cette nouvelle notion de paysage marin pourrait permettre de mieux protéger ces milieux très fragilisés par nos activités terrestres ou marines.

Nous pouvons espérer que ce premier plan de paysage sous-marin ne soit que le début d’une grande série de plans de paysage sous-marin sur toutes les façades littorales, afin qu’ils puissent devenir de véritables guides pour la préservation et la prise en compte de ces milieux en lien avec nos modes de vies.

« Faire reconnaitre le bon fonctionnement écologique comme une ambition de projet de paysage sans exclure les humains des dynamiques en cours est, en soi, un défi » Coloco.

Mise en perspective

Exploration et définition du « paysage sous-marin » selon l’équipe de paysagistes Coloco :

– La notion d’horizon, fondatrice de la naissance du concept de paysage terrestre, est ici absente ou complétement différente. L’opacité de la masse d’eau bouleverse la perception de ces paysages sous-marins par rapport aux paysages terrestres. Cette opacité de l’épaisseur que le regard traverse et son aspect constamment changeant sont également présents à terre, mais nous n’y prenons plus garde. 

– Sous l’eau, la dimension sonore est particulièrement présente, pour des raisons de propagation du son dans le milieu aquatique et de modification du sens de la vue. C’est un point important, mais une « définition des paysages sous-marins » ne pouvait pas se baser sur cela, par simple opposition aux paysages terrestres, car cette perception multi-sensorielle existe évidemment à terre. Elle est simplement très souvent oubliée au profit d’une perception visuelle, picturale et esthétique seule. 

– L’inaccessibilité des paysages sous-marins profonds et la nécessité d’un équipement spécial pour y accéder sont l’une des principales caractéristiques des paysages sous-marins. A terre, tout le monde ne va pas partout non plus. Ce qui n’empêche pas aux habitants d’un territoire d’en avoir une vision globale, par la cartographie, les covisibilités et les récits. La cartographie des paysages sous-marins des Calanques était inexistante : nous l’avons créée. Les covisibilités sont rendues difficiles par la présence de la masse d’eau. Reste alors l’importance capitale des récits, d’une histoire partagée des paysages sous-marins, pour arriver à une prise de responsabilité commune. 

 

Pour en savoir plus