“ Nous ne voulons plus jamais être qualifiés de résilients. Nous voulons résister, résister aux choses qui continuent de nous forcer à devenir résilients”
Déclaration de Nick Slie, acteur et metteur en scène, survivant de Katrina
Dimanche 29 août 2021, soit 16 ans après le passage de l’ouragan Katrina sur les côtes de la Louisiane, un nouvel ouragan est arrivé sur la ville de la Nouvelle-Orléan. La population de la ville encore marquée par Katrina et les récentes tempêtes survenues depuis, craignait l’arrivée de ce nouvel ouragan, catégorie 4 sur l’échelle Saffir-Simpson. De nombreuses villes proches de l’estuaire du Mississippi furent frappées par de fortes rafales de vents allant jusqu’à 230 km/h et des pluies torrentielles plongeant notamment la ville de la Nouvelle Orléan dans l’obscurité. La construction du système de barrière anti-inondation sur plus de 210km suite aux dégâts causés par l’ouragan Katrina a largement limité les dégâts malgré la puissance de l’ouragan. Quelques jours après son passage, le bilan se limite à 4 décès et des dégâts matériels restreints : certaines habitations sont endommagées, quelques rues inondées et plus d’un million de foyers demeurent sans électricité .
L’ouragan Ida, bien qu’ayant perdu de sa puissance, a continué de causer de nombreux dégâts dans la journée de mercredi et jeudi 2 septembre dans la ville de New-York et dans quatre Etats du nord-est des Etats-unis. Au total, plus de 44 victimes piégées par les eaux montantes dans leurs voitures ou domiciles, montrant clairement la menace posée par le dérèglement climatique.
Les territoires proches du delta du Mississippi et la ville de la Nouvelle-Orléans sont de plus en plus exposés à des phénomènes de tempêtes violentes. Malgré l’aménagement de digues et l’amélioration de la réactivité du gouvernement, ces territoires sont de plus en plus menacés, les aménagements ne suffiront bientôt plus à préserver ces territoires exposés à la submersion.
La Nouvelle-Orléans représente aujourd’hui la plus grande ville de Louisiane avec une population de plus de 1 275 762 dans son aire métropolitaine. La ville couvre une superficie de 907 km 2.
Située dans l’État de Louisiane, la ville de la Nouvelle-Orléans est cernée par les marais qui l’expose à de forts risques d’inondations. Son emplacement stratégique sur les bords du Mississippi, non loin de son delta et sur les rives du lac Pontchartrain a permis dès 1718 l’élaboration d’un accès vers le golfe du Mexique, porte d’entrée de l’immense vallée du Mississippi.Le site relativement marécageux, est façonné par les mouvements sédimentaires et forment un système de berges et de levées naturelles s’élevant jusqu’à 4 m au-dessus du niveau de la mer.D’autres bordures naturelles, notamment au bord du bras du Mississippi, condamne la ville de la Nouvelle-Orléans à subsister dans une cuvette dans laquelle les eaux émanant de crues et de fortes pluies s’accumulent. Une grande partie de la ville est située sous le niveau de la mer, également soumise au phénomène de subsidence, elle ne cesse de s’enfoncer et fait aujourd’hui face aux phénomènes de la montée des eaux et de débordement du fleuve. Certaines zones s’enfoncent à plus de 6,00 m sous le niveau de la mer alors que les dispositifs d’endiguement privent le site de tous dépôts de sédiments et condamnent la plupart des zones humides.
La ville de la Nouvelle-Orléans fut fondée en 1718 par les Français puis cédée en 1762 à l’Empire espagnol . Marquée par un régime colonial et un esclavagisme important, la population de la ville rassemble depuis son commencement des populations blanches, noires, créoles et accueille aujourd’hui un mélange de cultures américaines rassemblant des Noirs, des Blancs, des Asiatiques et des Latinos. La ville suscite un grand engouement sur le plan commercial mais aussi festif et attire de nombreuses populations partout dans le monde. La population afro-américaine représente plus de 60% des habitants. Dans cette ville cosmopolite, beaucoup de pratiques artistiques et musicales sont nées comme le jazz ou le blues attribuant alors un patrimoine culturel très riche à la ville.
Le 29 août 2005 un ouragan de catégorie 5 frappa de plein fouet la ville de la Nouvelle-Orléans ainsi que les Etats de Louisiane, du Mississippi, l’Alabama et de Floride. Il représente un des ouragans les plus puissants jamais survenu aux Etats-Unis causant des dégâts matériels et humains sans précédents. La puissance de ce cyclone se manifeste par des rafales de vents proches de 200 km/h , des pluies diluviennes et une pression basse entraînant une élévation du niveau de la mer. Sous la puissance de l’eau et du vent, les digues ont cédé et inondé toute la ville montant jusqu’à 6 m par endroits. En moins d’une journée, 80% de la population de la Nouvelle-Orléans se retrouve immergée sous les eaux, certains piégés dans leur habitation ou évacués dans le SuperDome de la ville. Le bilan humain est estimé à plus de 1836 morts sans compter les membres disparus ou blessés. Les nombreux rescapés de cette catastrophe seront disséminés dans plus de 49 États, souvent séparés de leurs proches.
Cet ouragan dévastateur témoigne de l’exposition au risque d’autres territoires des Etats-unis, l’ouragan Sandy frappa la ville de New-York en octobre 2012, en 2017 deux cyclones majeurs ont touché les Etats de Floride, de Louisiane et du Texas mais aussi Cuba. La tempête tropicale Imelda causa de nombreuses inondations au Texas et dernièrement l’ouragan Eta de catégorie 4 toucha l’Amérique centrale. Durant la saison 2020, plus de 29 tempêtes tropicales sont survenues bousculant alors le record du plus grand nombre de tempêtes nommées de saison cyclonique 2005.
Les quelques jours précédant l’arrivée de l’ouragan Katrina sur le territoire américain, des prévisions inquiétantes sont parvenues dans les médias. Malgré la menace, beaucoup sont restés sceptiques face au danger, les habitants habitués à ce genre de catastrophe et l’alerte n’étant pas lancée par le gouvernement, la population ne semblait pas s’inquiéter. C’est seulement à partir du 26 août 2005 que l’ordre d’évacuation fut donné. Malgré la récurrence des catastrophes dans la région et des scénarios établis en cas d’ouragan de catégorie élevée, la ville et le gouvernement n’étaient pas préparés. Presque aucune aide à l’évacuation n’a été mise en place, créant des embouteillages magistraux à la sortie de la ville. Certaines infrastructures comme le Palais des congrès et le Superdome ont été mis à disposition des rescapés mais ne pouvaient pas accueillir toute la population.
Après le passage de Katrina, le gouvernement Bush et la FEMA ont montré de nombreuses faiblesses et dysfonctionnements, plusieurs jours sont passés avant une intervention concrète, les services médicaux sont saturés, les réfugiés épuisés et pourtant les politiques semblent détachés de la réalité. De l’arrivée jusqu’à la dispersion de l’ouragan, le gouvernement Bush n’a pas su gérer cette situation de crise et fut énormément critiqué, voire accusé d’inaction gouvernementale.
Lors de la catastrophe, la première population touchée fut la population afro-américaine représentant 70% des habitants de la Nouvelle-Orléans. Tandis que les hommes politiques, bourgeois et forces de l’ordre étaient mis en sécurité, les populations pauvres et noires étaient confrontées aux conséquences directes de l’ouragan. Beaucoup sont morts noyés ou bien de fatigue, de faim ou de soif. Entassés au palais des Congrès après la catastrophe, les conditions de survies étaient déplorables et beaucoup d’entre eux furent évacués dans les Etats voisins séparés de leurs proches. Presque aucune aide financière ne leur fut adressée, beaucoup se retrouvèrent dans une situation de précarité importante. Ce manque d’humanité à l’égard des populations noires ne fait que rappeler aux victimes la sombre époque de traite négrière.
«J’ai l’impression que, si les choses s’étaient déroulées dans un autre endroit, dans une autre strate économique et dans un autre environnement racial, le président Bush aurait déboulé de son ranch de Crawford bien plus vite et la FEMA aurait rappliqué bien plus tôt.»
Révérend Al Sharpton
Ce documentaire intitulé When the Levees Broke : A Requiem in Four Acts réalisé en 2006 par le réalisateur afro-américain Spike Lee retrace les évènements qui ont précédé l’ouragan Katrina. Près d’un an plus tard le réalisateur s’intéresse aux difficultés et conséquences vécues à travers les yeux d’habitants de la Nouvelle-Orléans, rescapés de la catastrophe mais aussi à travers le point de vue de politiques et ingénieures. Ce film documentaire rassemble de nombreux témoignages et images d’archives assemblées en 2 parties et 4 actes diffusés de manière chronologique. Le titre du documentaire reprend la chanson écrite par Memphis Minnie et Kansas Joe McCoy pour la grande crue du Mississippi de 1927 et fut primé à la Mostra de Venise en 2006.
Pour la réalisation de son film documentaire, Spike Lee se met dans la peau d’un reporter et part à la recherche de témoignages des rescapés de l’ouragan Katrina. En parcourant la ville dévastée, il collectera une centaine d’interviews de victimes et politiques permettant de les faire résonner dans son film. Dans son documentaire, il aborde des faits objectifs, mais tient également à dénoncer les dysfonctionnements et l’inaction gouvernementale.
Ce film documentaire, témoin d’un événement passé ravive une certaine mémoire du risque. Un tel évènement fait partie de la réalité, une réalité de plus en plus probable avec le changement climatique que ce documentaire s’autorise à représenter. Dans une démarche d’investigation, Spike Lee part à la rencontre des habitants pour tenter de rendre hommages aux victimes mais aussi aux lieux, marqués par la catastrophe. Chaque témoignage permet de reconstituer l’histoire d’un territoire dévasté par la catastrophe écologique et les inégalités sociales.
Les prises de vues du documentaire présentent une réalité crue, parfois choquante..Immergé au cœur de la catastrophe, le réalisateur souhaite transmettre les histoires et expériences de chacun de manière fidèle et sensible.
Des paysages ravagés par les eaux, des cadavres flottant au milieu des rues, une population affaiblie, des enfants au teint blafard séparés de leurs parents, ces visions ne mentent pas sur la gravité de la situation. En regardant les images de ce documentaire, nous ne pouvons qu’être horrifiés par les conditions extrêmes dans lesquelles progressent les habitants.
Relater les faits dans leur exactitude permet alors au réalisateur de dresser un état de lieu de la situation.. Les différents témoins sont profondément marqués parce qu’ils ont dû traverser, certains éclatent en sanglots devant la caméra tandis que d’autres n’hésitent pas à manifester leur colère ou leur dégoût vis-à-vis de la situation. Chaque histoire est touchante dans sa singularité, un homme racontait par exemple combien sa mère était dévastée en découvrant l’état de leur maison et les souvenirs réduits au néant. Une mère pleure la perte de son enfant tandis qu’un frère cherche désespérément ses petites sœurs sûrement dispersées et apeurées. Ils essayent de garder espoir, luttent ensemble pour survivre et lorsque le gouvernement ne tient pas ses promesses ils craquent, se mettent en colère.
L’enchaînement des événements virant rapidement au chaos instaure un sentiment de peur chez le spectateur et d’incompréhension parfois vis-à-vis du comportement de certaines instances. Ce film documentaire suscite toutes sortes d’émotions et invite le spectateur à questionner certaines réactions et aspects de la situation qui ne constitue en rien une fiction.
Les dispositifs d’endiguement mis en place par le Corps des Ingénieurs sont conçus pour pouvoir retenir l’eau durant des épisodes d’ouragans et de crues. Ces aménagements ont mis plus de 40 ans à voir le jour et manifestent une stratégie de défense et de détachement de la ville à la mer. Très exposée au risque de submersion marine, la ville de la Nouvelle-Orléans est normalement équipée et informée sur les scénarios potentiels d’inondation. Le précédent ouragan Betsy n’a pas causé de dégâts suffisants pour remettre en question la structure des digues. Cependant, lors du passage de l’ouragan Katrina, une partie de celles-ci fut dégradée et emportée par le courant. C’est ainsi que l’on se rend compte de la fragilité de ces aménagements, les fondations sont peu profondes et l’ensemble n’est pas armé. Les ingénieurs et politiciens sont tenus responsables de cette catastrophe, qui n’aurait pas autant dégradé la ville avec des équipements adaptés au site. Pourtant le gouvernement garantissait la sécurité aux habitants qui avaient entièrement confiance en ce système d’endiguement. L’exemple de la rupture de ces digues démontre le manque de précautions prises par le gouvernement qui semble négliger les effets de cette catastrophe.
La confrontation de témoignages et points de vue variés révèle un certain décalage entre les populations et la façon dont elles sont traitées. Le réalisateur interroge des points de vues qui se confrontent notamment des populations afro-américaines, des hommes et femmes politiques, des forces de l’ordre, des populations blanches et bourgeoises… Spike Lee révèle les injustices sociales dans une situation de crise comme celle-ci et s’engage dans la lutte pour la reconnaissance des populations afro-américaines. La classe sociale et raciale semble prendre toute son importance dans un événement comme celui de l’ouragan Katrina qui une fois de plus révèle l’absurdité des privilèges associées à certaines personnes. Les divers récits se font écho dans le documentaire et rappellent au spectateur que l’on parle d’une catastrophe vécue par un ensemble d’êtres humains qui ne doivent être en aucun cas réduits à des statistiques.
Lors du passage de Katrina à la Nouvelle-Orléans, le gouvernement Bush est à la tête des Etats-Unis et fait l’objet de nombreuses critiques. Alors qu’il est accusé d’inaction gouvernementale et semble nier la situation. Lorsqu’il décide de prendre des mesures pour l’évacuation après plus de 3 ou 4 jours après le passage de Katrina, les populations majoritairement noires ou latino sont affamées, appeurées. Pendant plus de 4 jours, le gouvernement promet d’instaurer des mesures qui n’ont jamais vu le jour ou se sont manifestées dans des interventions maladroites et démonstratrices du pouvoir abusif des forces de l’ordre. Plutôt que de venir en aide aux rescapés, des troupes sont envoyées afin de maintenir l’ordre et empêcher le pillage de provisions et les délits criminels. L’inaction du gouvernement est largement dénoncée dans le documentaire de Spike Lee qui montre des hommes et des femmes en colère et révoltés. Que ce soit dès la prévention de l’ouragan jusqu’au relogement en passant par l’évacuation de la ville, le système politique s’est montré défectueux et incompétent face à la situation d’urgence créée par le passage de l’ouragan.
Le réchauffement de la planète expose de plus en plus la ville de la Nouvelle-Orléans et la côte de la Louisiane à un risque d’ouragans, les eaux se réchauffent et entraînent une augmentation du taux d’humidité dans l’air propice à la formation de cyclones. Ce film documentaire témoigne de la gravité de ce genre de catastrophe et met en garde face à l’intensification de ces phénomènes dans les prochaines années. Au-delà des impacts directs des vents et de la montée des eaux sur la ville, la mise en image de cette catastrophe annonce les dérives et faiblesses du système. Tel un avertissement auprès des populations, ce documentaire présage une situation de crise humanitaire et environnementale à venir. Le contrôle des médias, la propagation de fake news, l’inaction du gouvernement, l’émergence de nouvelles conflictualités mais aussi le risque de disparition de certains territoires sont des aspects déjà visibles aujourd’hui.
Plusieurs ouragans parviendront jusqu’à la Nouvelle Orléans comme Isaac en 2012, un ouragan de catégorie 1 et Zeta en 2020, rappelant aux habitants le souvenir difficile du passage de Katrina. La représentation de Katrina comme le symbole d’un point de bascule a permis au gouvernement de réagir différemment par la suite, notamment lors du passage de l’ouragan Sandy à New-York. Aujourd’hui l’Etat se positionne différemment face au risque.
La Nouvelle-Orléans, dévastée par le passage de l’ouragan Katrina, fut longtemps inhabitable. Après la catastrophe, les populations disséminées dans les quatres coins des Etats-Unis expriment un désir de retrouver leur ville et leur habitation. Cependant, dans le prolongement des difficultés rencontrées par le gouvernement à gérer cette situation de crise, peu de programmes d’aide sont mis en place. Les caravanes commandées par la FEMA arrivent tardivement et présentent peu de confort et malgré la mise en place de la bourse d’aide au relogement Road Home la plupart de la population afro-américaine n’est jamais revenue à la Nouvelle-Orléans. Le système d’aide au relogement, une fois de plus discriminant, conforte les populations noires à s’éloigner de cette ville dans laquelle réside de nombreux traumatismes. Le quartier noir de la ville peine à se relever alors que 90% de la population est revenue et bénéficie d’une aide généreuse et accompagnée. Le gouvernement débute la réhabilitation de la ville, de ses services publics, des habitations mais aussi des systèmes de digues. Des chantiers publics sont en cours pour reconstruire l’endiguement de la ville et la station de pompage aujourd’hui terminée représente la plus grande station du monde.
De plus en plus exposée au risque d’inondation, la Nouvelle-Orléans voit son apparence changer dans l’optique de vivre avec l’eau plutôt que de la repousser. Une réelle réflexion sur l’aménagement du territoire est menée par les architectes-urbanistes américains Waggonner & Ball Architects à travers le projet Dutch Dialogues. Ce projet propose de réintégrer l’eau dans la ville et d’aborder l’adaptation aux risques sous un angle nouveau, instaurer une coexistence entre l’Homme et l’eau. A travers la production d’images prospectives, d’étude de terrains et de scénarios, les urbanistes prévoient la transformation paysagère de la Nouvelle-Orléans. Plusieurs aménagements sont proposés, notamment l’élaboration de bassins naturels, de canaux et de structures vertes permettant de ré-approprier à la ville son rôle de zone tampon.
En partant de ces analyses, les architectes ont imaginé le Mirabeau Water Garden, un immense bassin de rétention d’eau implanté au Nord de la Nouvelle-Orléans. Resté à l’état de projet pour le moment, cet espace vert est prévu pour gérer les inondations et afflux d’eaux pluviales au cœur même de la ville, représentant une partie intégrante du paysage et de la composition urbaine de la ville.
D’autres projets à plus grande échelle virent le jour comme celui de Scape Studio intitulé Our Future Coast – Louisiana Gulf Coast. En collaboration avec le Dr Don Boesch et la Walton Family Foundation, ce studio d’architecture de paysage et de design urbain fondé par Kate Orff propose de prospecter l’avenir de la côte de la Louisiane et d’envisager un milieu abondant comme autrefois. La reconnexion du fleuve Mississippi aux milieux humides et le rétablissement de l’équilibre entre eau douce et eau salée dans les bassins côtiers fait partie des interventions proposées dans le Plan directeur côtier de 2017 pour la Louisiane et que Scape Studio a suivi dans l’élaboration de projets de restaurations. Dans l’optique d’initier une transition de paysage capable de communiquer avec les aléas climatiques, ce projet propose une démarche résiliente et nouvelle sur le territoire de la Louisiane.
Si les médias et personnalités politiques n’ont cessé de féliciter la résilience des populations face à Katrina, la commémoration de sa propre catastrophe ne laisse pas indifférentes les populations marginalisées de la Nouvelle-Orléans. En effet, la résilience du peuple se manifeste par la capacité des populations à se relever et à s’adapter à des conditions difficiles voire traumatisantes, et ce terme employé 10 ans plus tard par le Président Barack Obama démontre l’hypocrisie gouvernementale. Qualifier le peuple de résilient, c’est mettre sur le même plan les populations privilégiées et les minorités et ainsi écarter les injustices raciales dans la capacité de ces populations à se relever. En employant ce terme, le gouvernement se dédouane de ses responsabilités face à la catastrophe et perpétue un système erroné sans proposer aucunes solutions, il compte sur la résilience du peuple.
Face à l’inconsidération de la vulnérabilité de certaines populations marginalisées, les habitants souhaitent avoir le choix de leur résilience et préfèrent s’inscrire dans un mouvement de résistance, basé sur une dynamique de construction en commun et d’union.